Je suis une femme. Je suis une mère. Je suis une fille. Je suis professeur. Je suis féministe, je suis écologiste, je suis chrétienne, je suis apolitique, je suis une grande fille autonome, éduquée. J’ai été battue. J’ai été insultée. J’ai été aimée, j’ai été détestée. J’ai parcouru le monde. J’ai rencontré des gens dans des dizaines de pays. J’ai rencontré des gens de dizaines de pays dans mon pays. J’ai enseigné à certains le plaisir de la diversité culturelle, la chance qu’ils ont de voir tout ça rassemblé au même endroit, dans le même pays, dans le même collège, dans la même classe.

J’ai été dans des mosquées, j’ai été dans une synagogue, j’ai été dans tes temples bouddhistes, hindouistes, zen, shintoïstes, j’ai été dans des temples protestants, grecs, j’ai été dans des églises pour découvrir à quel point tout ces lieux sont magnifiques. J’ai ressenti à quel point les gens peuvent être émouvants à se rassembler dans la paix pour une cause commune. J’ai senti mon cœur battre et ma gorge me serrer quand je les ai entendu entonner des chants sacrés. J’ai admiré la beauté des couleurs, j’ai senti les encens à Saint-Jacques de Compostelle, à Tokyo, au Sri Lanka, à Bangkok, à Angkor… J’ai été émue de voir ce que tout ces lieux transmettent, portent en eux. J’ai été émue devant de petits autels dans la forêt japonaise ou au Cap Vert devant lesquels quelques fleurs rappellent que des vivants ne sont pas loin. J’ai découvert en visitant le monde que partout les humains ont besoin de se sentir rassurés par un ou plusieurs dieu(x). Chaque peuple s’est inventé des histoires, chaque peuple a construit des sites les plus extraordinaires pour accueillir les offrandes, les prières, les chœurs, les fidèles, les visiteurs curieux comme moi,… Et partout, j’ai été séduite par cette foi quasi universelle.

Je ne comprends pas pourquoi ni comment une poignée d’hommes, au nom d’un dieu parmi tous ceux-là, ont eu l’idée d’aller tuer des gens par milliers, comment certains hommes ont eu l’idée d’aller violer des centaines de femmes à la chaîne parce qu’elles ne pratiquent pas la même religion qu’eux, comment certains hommes ont pu envahir des pays entiers et massacrer tout sur leur route au nom d’un seul dieu parmi tous. Comment ce qui est sensé être amour et paix, génère-t-il de telles violences? Comment certains hommes peuvent-il même nier l’existence des autres religions? Pourquoi certains hommes pensent-ils encore que faire souffrir aidera à faire passer le message? Pourquoi certains hommes pensent-ils que la soumission est le meilleur moyen pour accéder l’acceptation de leurs lois, de leurs décisions ou de leurs croyances?

Je suis triste, énervée, fatiguée de l’intolérance, du fanatisme, du manque cruel de culture de trop de monde, je suis fatiguée de toutes ces formes d’extrémismes qui prônent l’extermination, la condamnation de celui qui est différent. L’ignorance génère la peur de l’inconnu. La peur provoque de la haine. La haine mène au massacre. Je pleure autant sur la mort de ces milliers de personnes tuées au nom de la religion que sur la bassesse de ces actes barbares. L’histoire raconte des centaines d’années de guerres de religions, de génocides, de massacres, d’invasions,… L’avidité et la soif de pouvoir des hommes n’ont toujours pas eu raison de ces tristes histoires. Les forces du mal sont trop souvent plus fortes que les forces du bien.

Je rêve que le pouvoir n’existe pas, je rêve que l’universalité soit universelle, je rêve …